samedi 22 mars 2014

L'invention de Morel, Adolfo Bioy Casares


Le narrateur est un fugitif qui se cache sur une île déserte. Son histoire est racontée sous la forme d'un journal de bord. En explorant les environs, fébrile, il croit halluciner. Les terres sont mystérieuses et hostiles. Et l'île ne semble pas si déserte : il voit des habitants, "les intrus". Tels des fantômes, ils apparaissent et disparaissent comme bon leur semble. Il tombe amoureux de l'un d'entre eux, Faustine, prénom qui sonne comme le purgatoire. Mais cette femme est gardée par l'énigmatique Morel, un homme qui s'est rendu sur l'île pour mettre au point sa sombre invention... 

À y regarder de plus près, sans rien dévoiler, l'île ressemble davantage aux labyrinthes de l'esprit qu'à un lieu reculé et sauvage. Elle vous évoquera la solitude et l'espoir. Elle vous parlera d'état amoureux, d'amour et de possession. Et également du réel et de ses illusions (Clément Rosset aurait pu se servir de ce roman pour illustrer ses théories sur le réel et son double). 

C'est là que réside un des multiples talents de ce conteur : il parle à chacun d'entre nous et différemment, avec la même histoire.  

Citations : 

"Je crois que nous perdons l'immortalité parce que la résistance à la mort n'a pas évolué ; nous insistons sur l'idée première, rudimentaire, qui est de retenir vivant le corps tout entier. Il suffirait de chercher à conserver seulement ce qui intéresse la conscience." 

"La femme au foulard m'est devenue maintenant indispensable. Toute cette hygiène de ne rien espérer est peut-être un peu ridicule. Ne rien espérer de la vie, pour ne pas la risquer ; se considérer comme mort, pour ne pas mourir. Cela m'est apparu soudain comme une léthargie effrayante et très inquiétante ; je veux y mettre un terme." 

"Mais peut-être avons-nous toujours désiré que la personne aimée ait une existence de fantôme." 

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