Clément Rosset décrit ici le sentiment de l'identité, le sentiment du moi.
Le moi social
Il fait la distinction entre le moi social, constitué de nos qualités et que l'on peut percevoir grâce aux autres (ces miroirs ?), et le moi personnel.
Le moi personnel
Ce moi-fantôme hante notre personne, tel Le Horla de Maupassant ou Le Double de Dostoïevski. Il nous est si familier et cependant insaisissable et invisible à la fois. La recherche de soi-même serait donc vaine.
Le moi d'emprunt
Chacun crée son identité en imitant ses modèles, à commencer par l'enfant et ses parents. Il s'agit du moi d'emprunt, qui plus tard sera attiré par des personnes forcément différentes (on imite ce que l'on n'est pas).
Ainsi qui ne se ressemble pas, s'assemble. Je ne suis pas ce que l'autre fait, je ne suis pas (comme) l'autre, donc je suis moi. Et les relations sont des approbations de l'identité. "Tu m'aimes, donc je suis".
La notion d'êtres semblables, alter ego ou bien âme sœur, est fictive. Elle est le fantasme du moi personnel désireux de se connaître grâce à un moi identique.
L'appartenance à un groupe quel qu'il soit (hobby, travail, ...) ne s'explique pas par une passion ou une activité commune, mais bien par la place singulière qu'occupe chacun de ses membres.
Cela me fait penser à une fille gothique. Poussée par un modèle (un chanteur ?), la
fille devient gothique pour se créer une identité, se différencier des
autres. Or ce moi gothique n'existe que par rapport aux autres
qui ne le sont pas. L'identité est bien sociale dans ce cas-là. J'ajouterai que chaque individu est singulier à sa manière et donc banal (cf. ACS).
L'introspection narcissique
La connaissance de soi est impossible, puisque le je ne peut être à la fois sujet et objet d'étude. Elle ne serait en fait qu'un désir d'être vu. L'autre est donc bien le miroir dans lequel je peux seulement me regarder. Qui peut voir ses propres yeux ? Les introspections de Rousseau ou de Montaigne ne seraient que narcissisme. Ils sont à la fois Narcisse et le reflet de Narcisse. Ils se contemplent dans leurs écrits et souhaitent que les autres en fassent de même.
L'illusoire "connais-toi"
Clément Rosset conclut en écrivant : "qui souvent s'examine n'avance en rien dans la connaissance de lui-même" (de toute façon, on ne peut se connaître que par le monde, les autres) et "moins on se connaît, mieux on se porte" !
***
Mon avis :
Un court essai bien écrit et accessible sur l'identité et la vaine connaissance de soi.
Clément Rosset s'est bien éloigné de son moi personnel pour le renier ainsi ! Même s'il est illusoire et créé de toutes pièces, il est bien réel. Même déterminé, il ne faut pas négliger son propre univers.
Clément Rosset s'est bien éloigné de son moi personnel pour le renier ainsi ! Même s'il est illusoire et créé de toutes pièces, il est bien réel. Même déterminé, il ne faut pas négliger son propre univers.
Connais toi toi-même... Je pense qu'en fait, on se connaît mieux que personne, mais le moi fait peur, alors on s'en invente d'autres, pour plaire, ou déplaire... Mais le moi est tenace, il veille, évolue lentement, n'efface rien, il sommeille parfois pour nous aider à mieux dormir. Alors il faut faire avec, l'aimer ou le détester, mais dans tout les cas, le maîtriser ou subir...
RépondreSupprimerBravo l'éléphant ! J'aime bien ce qu'il dit, celui-là !
SupprimerEt à ma question : Ton moi aime-t-il mon moi ?
Il a répondu : Vouiii !!!!
C'est bon signe tu crois, NaNa ?
Pourquoi faudrait-il à tout prix se chercher soi ?
RépondreSupprimerEssayons plutôt de connaître les autres et parfois on y retrouvera ce moi, au détour d'un geste, d'une parole, en clair-obscur, à la lumière ou en négatif... Qu'importe !
L'autre est bien plus amusant, bien plus intéressant, il nous nourrit et nous enrichit.
Pour peu que l'autre pense la même chose de moi, c'est tout bon !!!
D'ailleurs l'autre peut être un livre et on retombe sur nos pattes ! cf. le livre qui a changé ma vie...
RépondreSupprimer