Le Magazine Littéraire
"Justement, ces idées que vous avez mises en scène dans plus de
cinquante romans vous viennent-elles de la lecture des faits divers ?"
Lawrence Block
"Non
: toutes ces intrigues sont le résultat d’une sorte de marché passé
entre un besoin et l’imaginaire. Un exemple : mon ami Donald Westlake,
immense auteur de polars. Vers la fin de sa vie, il a écrit trois ou
quatre nouvelles qui n’étaient pas du genre policier. Il n’est jamais
parvenu à les vendre, et du coup, il a arrêté d’écrire. Non pas parce le
jugement l’avait découragé. Mais parce que personne n’avait besoin de
ses histoires, son inspiration s’était tarie. Je reste persuadé que s’il
les avait vendues, il lui en serait venu bien d’autres. L’exemple
contraire ; mon confrère Mickey Spillane l’auteur de la série Mike Hammer.
Il était parti en Caroline du Sud pour écrire. Mais aucune idée ne lui
venait. Jusqu’à ce qu’il reçoive un appel de son comptable l’informant
que ses réserves financières baissaient dangereusement… Lorsque Mickey
avait raccroché, l’idée lui était venue ! Comme si l’apparition d’un
besoin avait débloqué, à un niveau inconscient, le mécanisme de son
imagination. Je fonctionne de la même façon : tant que j’aurais des
contrats signés, tant que quelqu’un attendra mes livres, les idées
viendront."
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