vendredi 1 mars 2013

La Tentation de l'innocence, Pascal Bruckner


* Partie 1 *

L'angoisse d'être soi
Avec le siècle des Lumières et le déclin de la religion, est apparue l'idée selon laquelle chacun peut être maître de soi et de son destin. Une révolution certes, mais à quel prix ? C'est là que les tourments sont apparus : l'angoisse d'être soi.
En effet, cette liberté est angoissante. Quelle responsabilité que de devoir se faire soi-même ! On est son propre maître et son propre obstacle à la fois, prisonniers de nos choix. Auparavant, les dieux pouvaient guider la barque. Désormais, il n'y a plus que notre propre morale pour agir. Par temps d'infortune, la faute ne pourra être jetée que sur soi. 
(Heureusement qu'il y a Freud et l'inconscient pour pouvoir un peu se décharger de cette responsabilité !)

La fuite dans les divertissements
"Cette liberté est insupportable à vivre", dit Pascal Bruckner.
À cela succède une des solutions du monde moderne, une façon de réenchanter la vie dans le vide : le consumérisme, la fuite dans les loisirs et les divertissements. Grands magasins, centres commerciaux, avenues commerçantes, tout est trop et toujours pas assez. Je consomme, donc je suis ("en Devernois, je suis moi", disait la pub). Une manière d'exister, de chasser le cafard. On ne se vide pas l'esprit, comme on dit. On comble ce vide vertigineux. La télévision aussi joue son rôle de « tisane pour les yeux » (bien sûr je ne parle parle pas des séries TV !)

"Je ne suis pas comme les autres", telle est la formule de l'homme du troupeau
Qu'est-ce que l'infantilisme ?, se demande Pascal Bruckner. Le transfert au sein de l'âge adulte des attributs et des privilèges de l'enfant. Désir d'indépendance et d'assistance. Volonté de se marginaliser, d'être indépendant, une illusion de liberté, avec une soif de reconnaissance. Et ce désir d'être unique est tellement répandu que le paradoxe est frappant. Nous sommes tous des originaux ordinaires qui nions l'autre pour mieux exister à ses yeux.
Et puis il se crée la concurrence, la compétition, l'envie, la comparaison à l'autre. Et c'est ainsi que naît la plainte et cette rengaine "je mérite mieux". L'adulte se plaint sans cesse, se victimise, car il revendique ses droits, tandis que les autres ont des devoirs. 

Autrui
"L'individualisme infantile, ajoute-t-il, est l'utopie du renoncement au renoncement" : be yourself. Être soi sans entrave. Or notre liberté demeure dans nos choix et dans nos limites et non dans le fait de vouloir n'en faire qu'à sa tête, cet hédonisme médiocre où l'on est esclave de nos désirs individuels. De plus, "on ne s'appartient jamais complètement, on se doit d'une certaine manière à autrui lequel ébranle notre prétention à l'hégémonie". Se connaître et être reconnu des autres, se connaître par l'autre...

Tout est soumis au changement
En outre, "on ne peut jamais se former sans se transformer" (aujourd'hui, on n'est déjà plus ce qu'on était hier). Rien n'est acquis. "L'imposture commence quand on donne l'individu pour acquis alors qu'il reste à faire". Et heureusement !

à suivre... 

2 commentaires:

  1. Je n'ai que 2 mots à dire: bra-vo: tu m'as donné envie de lire ce livre et je sens même que tu vas me le prêter très vite!

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  2. Voui :)
    Et ce n'est que la première partie !!!!
    Dès que je le finis et dès qu'on se voit, je te le prête ;)

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