lundi 1 octobre 2012

L'euphorie perpétuelle, Pascal Bruckner


Depuis la deuxième moitié du XXème, être heureux est devenu un ordre, une promesse, un objectif vital. Il faut paraître heureux, bien dans sa peau et ne pas se plaindre. Et si l'on est malheureux, il faut y remédier car ce bonheur dépend de nous.

On se passionne pour le sujet, si bien qu'on le fait fuir. On le traque sans savoir où aller. Idéalisé, il ennuie à peine touché. On ne sait le reconnaître. Il est flou, imprécis. On en oublie ses composantes. Le bonheur en soi n'existe pas (les religions promettaient un bonheur après la mort et non sur Terre). Ce sont ses valeurs qui priment : la liberté, la justice, l'amour, l'amitié...

Le bonheur élude la souffrance. Il la nie. Puisque nous nous devons d'être heureux, le moindre désagrément, la moindre insatisfaction, nous giflent soudainement. La vie est belle et elle est souffrance. Il suffit de regarder le film du même nom ou bien le JT de 20h. Il suffit d'observer tous ces appels à l'aide que lancent les français dans diverses drogues, thérapies...
La solution ? "Reconnaître le malheur comme constitutif de la condition humaine, réapprendre à vivre avec lui pour en déjouer les pièges mortels et en tirer le parti le moins dédommageable." Il faut apprivoiser la souffrance et non la fuir. Vivre avec, puisqu'elle fait partie de la vie. Et rassembler les Hommes autour de leur souffrance pour s'entraider.

Les livres et les activités se multiplient pour atteindre la "satisfaction parfaite", si bien que le bonheur devient lui-même un produit de consommation. Il s'achète et se vend. Contre la routine et le stress, les occidentaux se précipitent (sans savoir) sur le zen, le yoga et les tranquillisants. "Alors que nous avons moins besoin de quiétude dans nos vies incolores que d'activités authentiques, d'événements qui nous transportent." Le bonheur est dans l'imprévisible, non dans la torpeur. Et pourtant, le quotidien est nécessaire pour y déceler l'extraordinaire et l'exceptionnel. 

Oscar Wilde disait : "Ceux qui refusent le combat sont plus grièvement blessés que ceux qui y prennent part."
Entre l'ataraxie et la passion, je choisis la deuxième. À l'âge de la vieillesse, je pourrais dire que j'ai vécu et que j'ai vécu plusieurs vies dans une vie.

Qu'est-ce alors ? Citations : 

"Le bonheur relève de la jouissance immédiate autant que de l'espérance en un projet capable de révéler de nouvelles sources de joie, de nouvelles perfections."

"Les grands jaillissements d'exaltation s'élèvent presque toujours sur un fond d'attentes, de soucis dérisoires qu'ils éclairent et dont ils se distinguent."

"Le bonheur n'est pas l'absence d'adversité, il est une autre qualité d'émotion qui ne dépend ni de notre bon vouloir ni de notre subtilité. Nous pouvons ne pas être affligés sans baigner pour autant dans l'euphorie."

"Le secret d'une bonne vie, c'est de se moquer du bonheur : ne jamais le chercher en tant que tel, l'accueillir sans se demander s'il est mérité ou contribue à l'édification du genre humain ; ne pas le retenir, ne pas regretter sa perte ; lui laisser son caractère fantasque qui lui permet de surgir au milieu des jours ordinaires ou de se dérober dans les situations grandioses. Bref le tenir toujours et partout pour secondaire puisqu'il n'advient jamais qu'à propos d'autre chose."

1 commentaire:

  1. PB chez Ardisson :
    http://www.youtube.com/watch?v=fvkURPvJ96A&NR=1&feature=endscreen

    RépondreSupprimer