Depuis la deuxième
moitié du XXème, être heureux est devenu un ordre, une
promesse, un objectif vital. Il faut paraître heureux, bien dans sa
peau et ne pas se plaindre. Et si l'on est malheureux, il faut y
remédier car ce bonheur dépend de nous.
On se passionne pour le
sujet, si bien qu'on le fait fuir. On le traque sans savoir où
aller. Idéalisé, il ennuie à
peine touché. On ne sait le reconnaître. Il est flou, imprécis.
On en oublie ses composantes. Le bonheur en soi n'existe pas (les
religions promettaient un bonheur après la mort et non sur Terre).
Ce sont ses valeurs qui priment : la liberté, la justice, l'amour,
l'amitié...
Le bonheur élude la
souffrance. Il la nie. Puisque nous nous devons d'être heureux, le
moindre désagrément, la moindre insatisfaction, nous giflent
soudainement. La vie est belle et elle
est souffrance. Il suffit de regarder le film du même nom ou bien le
JT de 20h. Il suffit d'observer tous ces appels à l'aide que lancent
les français dans diverses drogues, thérapies...
La solution ? "Reconnaître le
malheur comme constitutif de la condition humaine, réapprendre à
vivre avec lui pour en déjouer les pièges mortels et en tirer le
parti le moins dédommageable."
Il faut apprivoiser la souffrance et non la fuir. Vivre avec, puisqu'elle fait partie de
la vie. Et rassembler les Hommes autour de leur souffrance pour s'entraider.
Les livres et les
activités se multiplient pour atteindre la "satisfaction
parfaite", si bien que le bonheur devient lui-même un produit
de consommation. Il s'achète et se vend. Contre la routine et le
stress, les occidentaux se précipitent (sans savoir) sur le zen, le
yoga et les tranquillisants. "Alors que nous avons moins besoin
de quiétude dans nos vies incolores que d'activités authentiques, d'événements qui nous transportent." Le bonheur est dans
l'imprévisible, non dans la torpeur. Et pourtant, le quotidien est
nécessaire pour y déceler l'extraordinaire et l'exceptionnel.
Oscar Wilde disait : "Ceux
qui refusent le combat sont plus grièvement blessés que ceux qui y
prennent part."
Entre l'ataraxie et la
passion, je choisis la deuxième. À l'âge de la
vieillesse, je pourrais dire que j'ai vécu et que j'ai vécu
plusieurs vies dans une vie.
Qu'est-ce alors ? Citations :
"Le bonheur relève
de la jouissance immédiate autant que de l'espérance en un projet
capable de révéler de nouvelles sources de joie, de nouvelles
perfections."
"Les grands
jaillissements d'exaltation s'élèvent presque toujours sur un fond
d'attentes, de soucis dérisoires qu'ils éclairent et dont ils se
distinguent."
"Le bonheur n'est
pas l'absence d'adversité, il est une autre qualité d'émotion qui
ne dépend ni de notre bon vouloir ni de notre subtilité. Nous
pouvons ne pas être affligés sans baigner pour autant dans
l'euphorie."
"Le secret d'une
bonne vie, c'est de se moquer du bonheur : ne jamais le chercher en
tant que tel, l'accueillir sans se demander s'il est mérité ou
contribue à l'édification du genre humain ; ne pas le retenir, ne
pas regretter sa perte ; lui laisser son caractère fantasque qui lui
permet de surgir au milieu des jours ordinaires ou de se dérober
dans les situations grandioses. Bref le tenir toujours et partout
pour secondaire puisqu'il n'advient jamais qu'à propos d'autre
chose."
PB chez Ardisson :
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=fvkURPvJ96A&NR=1&feature=endscreen