L’important, c’est d’écrire !
Écrire ? Un rêve, un fantasme, une vocation, mais aussi un cauchemar. Comment passer des quelques lignes griffonnées sur votre cahier d’ado, il y a quelques années, à une pratique régulière et sérieuse ? Pour progresser, lisez le point de vue d’Alain André*, auteur de Devenir écrivain (un peu, beaucoup, passionnément), aux éditions Leduc. S, et directeur d’Aleph-Ecriture, ateliers d’écriture.
Comment fait-on pour se mettre à écrire ?
Avant de se dire "je vais écrire un livre", le plus important est d'écrire régulièrement. Pour cela, il faut tailler dans sa vie l’espace et le temps consacrés. A chacun de repérer l’endroit où il se sent bien pour écrire. Pour les uns, c’est enfermé comme un moine dans leur bureau, pour les autres, c’est dans un café.
Ensuite, il faut essayer de trouver le moment qui convient. L’essentiel est de maintenir, au moins par périodes, une certaine régularité dans l’écriture. On peut s’imposer cette discipline seul, suivre des ateliers d’écriture, ou appliquer les consignes de la poétesse Dorothea Brand. Elle suggérait d’écrire tous les matins au saut du lit, avant de faire toute chose, pendant 10 minutes, un quart d’heure, progressivement vous passerez à 20 minutes, une demi-heure. Quand on utilise cette méthode sur une vingtaine de jours, on observe qu’on progresse et on avance.
Une fois cette pratique stabilisée, elle suggère d’écrire de plus 5 minutes dans la journée. Ce n’est pas facile, pourtant cinq minutes dans la journée, ce n’est pas grand chose. Cette capacité à s’absenter et à se donner rendez-vous avec soi-même est précieuse. Si vous réussissez à dégager ces deux temps, vous êtes prête à vous mettre au travail.
Entre une pratique régulière et la préparation d’un livre, il y a un pas, non ?
Il existe, dans le rapport à l’écriture, des seuils. La première chose est d’être à l’aise avec la langue française. A partir de là, les personnes écrivent pour se faire plaisir. Ensuite, on trouve un plaisir narcissique, parce que ce n’est pas mal écrit. Il faut alors dépasser ce stade et se mettre au travail. Il faut accepter de voir que nos écrits ne sont que superficiellement géniaux, repérer ce qui peut être amélioré.
À l’inverse, certaines personnes peuvent être bloquées parce qu’elles se posent la question de la légitimité. Il faut garder à l’esprit que l’on est toujours capable d’écrire quelque chose qui intéresse les autres au moins sous un aspect.
Enfin, l’important, c’est d’écrire : progressivement, vous trouverez la forme qui vous convient. Vous pourrez reprendre des textes apparemment épars pour bâtir quelque chose de plus construit. Ou vous aventurer à écriture une nouvelle. Et puis, une fois un ouvrage fini, il faut se battre pour le faire publier. Il existe des auteurs qui ont des livres dans leurs armoires, en envoient un à un ou deux éditeurs et s’arrêtent au premier refus.
À vous entendre, l’écriture est tout autant une question de travail que de talent ?
En France, dans l’imaginaire collectif, l’écrivain répond à un modèle vocationnel : on naît écrivain, on ne le devient pas. Aux États-Unis, le modèle est professionnel : écrire, ça s’apprend. Là-bas, les ateliers d’écritures et les écoles pour apprendre à écrire, les cours d’écriture à l’Université existent depuis les années 30. En France, il a fallu attendre les années 1970, pour admettre que l’écriture, c’est un métier. Même en France, écrire ça s’apprend !
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